1.12.12

Ballade en Eléphant, par Amandine


Après l’avion, le train (à Bangkok), le bus (souvent) et le tuk tuk, nous nous apprêtons à découvrir le moyen de transport le plus authentique du Laos : l’éléphant !
Un des fils de Mister Boun ; tenant de notre guest house à Pha Po possède un éléphant, qui après des années de service aux champs ou dans les bois, ballade à présent sur son dos les touristes autour du village. Notre éléphant, dont le nom (répété 2 ou 3 fois par Mister Boun, mais difficilement mémorisable) nous restera inconnu, a 45 ans. Au premier coup d’œil je n’ai pas su deviner si c’était une femelle ou un mâle, cependant, l’absence de défenses ne permet pas de dire à coup sûr que c’est une nana, car elles peuvent être absentes aussi chez les mâles. J’ai également essayé de demander à Mister Boun le poids de notre tuk tuk à trompe mais la communication en français entre nous a montré ses limites, et là encore, je ne peux pas vous donner le poids de la bête. Un petit tour sur Wikipedia m’apprendra que les éléphants d’Asie pèsent en moyenne 4 tonnes pour les mâles et 2,75 tonnes pour les femelles ! Aujourd’hui le Laos compte à peu près 800 éléphants dont la moitié vivrait encore à l’état sauvage. A une époque plus lointaine le pays était surnommé le royaume au million d’éléphants tant les pachydermes étaient nombreux. Malheureusement, il semblerait que les jours de l’espèce soient aujourd’hui comptés… Il existe une ONG assez active au Laos qui rassemble des vétos soignant les bêtes et aidant à la reproduction. Je pourrais peut être revenir au Laos dans ce cadre qui sait ;)
Le crâne de l’éléphant présente deux grosses bosses, je suis surprise de voir que la peau revêt de nombreux poils drus et courts. Les pieds sont impressionnants, larges, ronds. Ils fonctionnent comme des amortisseurs, remplis de graisse. Les petites oreilles s’agitent, la trompe tourne et renifle aux alentours, il est beau cet éléphant ! Je suis sous le charme !
Allez, en selle. L’éléphant nous attendait, « garé » à l’ombre, à l’arrière de la guest house. Le cornac me montre le rudiment d’échelle construit contre un arbre que j’emprunte pour prendre place sur le dos de notre hôte. Je m’assieds sur une petite structure en bambou tandis que Seb est directement à califourchon sur le cou, les deux mains sur la tête de l’éléphant. Le cornac, lui, se tient en arrière sur le début du dos. Au cri de son maître l’éléphant se met en route ! Je retiens mon souffle, mais aucune crainte, me pas est lent, assuré, même élégant. Nous prenons le chemin pour sortir du village en direction des marécages et des rizières. Le soleil est haut, il tape fort, mais qu’importe, du haut de notre pachyderme le paysage est splendide. Nous traversons d’abord quelques champs, ou nous croisons des tas de coquilles d’énormes escargots (j’imagine que les villageois doivent les manger), nous voyons au loin des gens s’affairer dans les dernières rizières exploitées de la saison. Vient ensuite le marécage, l’éléphant est un tuk tuk tout terrain, il s’adapte à tout ! Il entre dans l’eau, au milieu des plantes qui forment d’immenses filets végétaux…au passage il en mange un peu. Quelques hérons s’envolent à notre arrivée ! Au milieu d’une large et profonde marre, le rythme de notre éléphant ralentit, voire s’arrête. Le cornac remue, émet quelques cris pour stimuler sa bête qui a décidé de stopper pour grignoter, et un éléphant quand ça grignotte c’est pas de la gnognote. On tangue, on remue, mais on n’avance toujours pas, on commence à se dire qu’il doit y avoir un problème. Le cornac passe à l’avant, sur la tête et crie encore des mots magiques de cornac… au bout de quelques minutes le pachyderme reprend sa route, ouf, nous ne finirons pas au milieu des marécages… Cette petite escale a cependant permis au cornac de nous faire goûter les graines de lotus (enfin, je crois que c’est du lotus). Au cours d’un trajet en bus, nous avions vus des femmes vendre les fleurs (sans les pétales) mais nous n’avions pas compris l’intérêt alimentaire de la plante à ce moment-là. Le mystère a été percé grâce au cornac, il faut extraire une grosse graine, retirer une sorte de peau, et puis le germe et enfin une belle bille blanche est à croquer.
Au sortir des marécages, nous changeons de terrain et partons vers les champs et les bois. Une fois encore je suis surprise de vois à quel point les pattes de l’éléphant s’adaptent aux différents types de sol. Nous nous faufilons à travers les arbres, un petit coup de trompe par ci par là pour débroussailler, et atteignons le pied d’une colline (« Phu » en Lao) de pierre. Passage en mode 4x4, nous grimpons la forte pente, sur le rocher ! Au sommet, l’éléphant bien dressé, s’arrête, prend la pose pour nous laisser le temps d’admirer la vue à 360°. Rizières (à sec en cette saison), villages, marécages, cahuttes où sèchent le riz coupé, bosquets… La descente de la colline est tout aussi impressionnante tant la pente est prononcée. L’éléphant pose habilement les pieds entre les rochers, contourne les gros arbres et plonge à nouveau dans les marécages. Trop fort !
Avant de rentrer au village nous nous arrêtons au lavomatique, une belle marre à l’eau marron. Le cornac fait descendre Seb (en fait, Seb a sauté, et ça fait haut !), il a ensuite détaché la structure en bambou et je me suis installée sur le cou. Et puis plouf ! L’éléphant entre dans la marre et sous le commandement de son cornac se baisse jusqu’à disparaitre sous l’eau. A ce moment-là assise sur le cou, j’ai de l’eau jusqu’à la taille. On frotte la bête, elle joue en peu, je dois dire que je suis contente qu’elle ne m’asperge pas d’eau vu sa couleur. C’est à présent au tour de Seb d’aller laver le tuk tuk. Pour remonter sur le dos de l’éléphant quand il n’y a plus l’échelle c’est une autre paire de manche. Heureusement, et sous le regard étonné et émerveillé de Seb, l’éléphant plie sa patte avant et la lui propose comme petit escalier ! A nouveau en selle, Seb découvre les joies de la baignade ! Je filme la scène d’un regard amusé !
Je remonte à mon tour (difficilement je dois dire) sur l’éléphant, le cornac toujours terre immortalise la scène en prenant quelques photos. Le retour au village est paisible, l’animal rentre au parking, on le libère du siège d’osier et le cornac après un bref au revoir, appelle sa bête. Les deux silhouettes s’éloignent côte à côte, tel un Laurel et Hardy (géant !).
C’était un pur moment ! J’aurais bien passé plus de temps à observer l’animal tant il est fascinant. Seb aussi est tombé sous le charme. Le soir, au repas il dira même que s’il devait se réincarner en animal son deuxième choix (après l’oiseau, évidement, faut pas déconner) serait l’éléphant, car ce serait un merveilleux moyen d’exploration.
Merci tuk tuk à trompe !







2 commentaires:

  1. Anonyme10:33 PM

    merci pour la belle leçon et la parfaite connaissance de l elephant bravo jocelyne la maman d aurelie bizz

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  2. Anonyme6:37 AM

    la pureté de l'animal est à son comble... il est vrai que tant de volupté, de tendresse et de forces vives m'émeuvent... merci pour cet acte de bienveillance, qui est pour moi presque un acte d'amour. Apprécier l'acte présent, et enfin, la nature. Finalement, qui que nous sommes, sommes des animaux... Avec ce témoignage, j'ose me confier à vous, qui sont, sans vous connaître, mais je le devine, des amoureux du monde animal, et finalement de l'humanité... laissez moi vous parler de mon poney : sa race est shetland, son oeil est vif, certes, parfois un peu hagard, mais pourtant si intense... Son poil... ? dru en hiver, doux et volupté en été..., et si tendre entre deux saisons... Votre éléphant connaît-il l'entre deux saisons qui nous incombent... à nous poooovres occidentaux bien friqués...? ceux là même qui s'extasient devant un poil d'élephant... ? Mais et alors...? et mon équidé d'origine islandaise..., pourtant bien ligérien malgré tout...?, ne vaut-il pas une si belle et ridicule explication de texte...? et mon ruminant rustique et rural, la belle limousine de mes contrées... ? AH BAS LES BOBOS BLING-BLING QUI CHANGENT D'I-phone TOUS LES SIX MOIS ET QUI FONT SEMBLANT DE FAIRE LE L'éCOLOGIE ET DE L'ECONOMIE DURABLE... SI vous voulez qu'on en discute, ce qui m'étonnerait, mon mail c emiliehervo@hotmail.fr

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