Chengdu, etc...: Mr Boun de Phapho, par Seb

En cette dernière nuit laotienne j'ai bien du mal à trouver le sommeil. Le ronron des climatiseurs des chambres voisinnes ne parvient pas à m'apaiser. J'épie malgré moi le moindre bruit de cette nuit de pleine lune. Mon esprit reprend le chemin de Paksé à Phapho. Je refais notre route en touk touk en cette fin de samedi après midi. Une course à 80 à l'heure sur la grand route vers le sud, négociée au plus serré par Mat et Auré à 270 000 kip (27 euros) Nous quittons bientôt le bitume pour la piste rouge vers l'Est. Notre chauffeur évite avec adresse les ornières et les flaques géantes qui ralentissent notre progression dans ce qui est maintenant la réserve naturelle de Xepian. Au bout de ce qui fut notre plus grande course en touk touk, 1h30, nous parvenons enfin à Phapho. Peu avant l'entrée du village je remarque un groupe de Stupas que le soleil rasant de cette fin d'après midi met en valeur sous un bel arbre feuillu. Je me promets de revenir ici prendre quelques photos. Nous débarquons donc en cette fin de journée chez Mr Boun, notre hôte et gentil organisateur pour ces quelques jours au bout du monde. Mr Boun, 63 ans, parle français, celui qu'il a appris à l'école lorsque la langue du colonisateur était encore enseignée, jusqu'en 1959. C'est un homme tranquille, plutôt énigmatique, plus maître yoda que Danny Boun. Nous saurons finalement peu de ce patriarche qui a 5 fils et 3 filles. L'une d'entre elle habite en France à Digne les bains, épouse d'un policier français. Nous aurions aimé que ce vieil homme nous en dise plus sur son beau pays mais il est bien difficile de lui faire quitter son poste : un bureau d'où il semble coordonner des affaires mystères incluant affrètement de taxi, livraisons de papaye, balade en éléphant, treks à travers les rizières ; nous le soupçonnerons sans doute à tord d'avoir depuis son office géré notre visite du temple khmer de Champasak, en bordure du Mekong, tant cette dernière journée semble s'enchaîner comme sur des roulettes. Dans la nuit tropicale je finis par gagner le pays des rêves, un battement de papillon, un clin d'oeil d'éléphant, un bourdonnement de moustique et me voilà qui ronfle comme un climatiseur.